Dans un article précédent, je vous avais décrit mes outils de travail, qu’ils soient physiques ou informatiques et, si vous relisez la section (ici : https://mondo-assurdo.be/mes-outils-de-travail/) vous constaterez que je ne parle pas d’IA.
Ah, l’IA, le sujet certainement le plus clivant dans le petit monde des auteurs et j’en veux pour preuves, les publication parfois très violentes lorsque le thème est soulevé dans les groupes spécifiques dont je suis membre.

Je ne me joins jamais à ces débats qui sont pour moi stériles et qui participent à l’image du côté obscène, vulgaire et détourné de ce formidable instrument qu’est le web.
Je n’émettrai qu’une seule pensée à ce sujet : en exceptant quelques irréductibles, qui n’utilise pas un correcteur orthographique ? Que ce soit celui de son traitement de texte ou, par exemple, LanguageTool ou Antidote, ces outils emploient déjà l’intelligence artificielle pour effectuer cette étape rédactionnelle.
En tant qu’écrivain débutant, et à l’aube de mes soixante-quatre ans, je suis le plus souvent connecté à mon époque. Et même si je ne suis pas d’accord avec tout ce qui se déroule sous mes yeux, il faut aussi apprendre et évoluer, toujours !
L’histoire nous enseigne que les grandes découvertes ont tout d’abord été ostracisées avant de faire partie de notre quotidien : prenons l’exemple de la vaccination, même si cela n’est peut-être pas une bonne idée (sourire en coin ou rire jaune). En effet, beaucoup d’inquiétudes, de refus, de débats à l’origine et une utilisation reconnue, efficace et universelle maintenant ; quand bien même le web, sa capacité à désinformer et une épidémie de COVID-19 plus tard ont replongé de nombreux individus dans le doute et le rejet.

Personnellement, je n’userai jamais l’IA pour la rédaction de mes textes. Ils doivent découler uniquement de mon esprit, de mes idées, de mon imaginaire. Certes, ils sont nourris de mes lectures, des films de cinéma que j’ai aimés, des influences qui ont créé mon tempérament. Cependant, ils ne seront jamais un melting-pot de concepts condensés de différents auteurs, un ubuesque rahmen informatique qui mélange à la sauce artificielle, des chimères qui ne m’appartiennent pas.
A contrario, à l’image d’Antidote ou des autres correcteurs, l’IA est un formidable outil lorsqu’elle est utilisée à bon escient et avec parcimonie. Elle est un excellent moteur de recherche pour qui sait poser les bonnes questions. Une source complète et productive quant au compte rendu de lieux existants, de visions descriptives, d’éléments historiques. Tout cela peut souvent faire gagner un temps précieux dans la collecte des données nécessaires à la mise en place d’un décor, l’aperçu d’un bâtiment, le passé d’une ville ou d’un pays.
À nous, alors, de rassembler les composants et de les utiliser, de les insérer dans notre esprit afin de les coucher sur le papier avec nos mots et surtout notre sensibilité humaine.
Après cette digression un peu longue, mais nécessaire, j’en arrive au sujet de cet article.
L’intelligence artificielle peut être utilisée pour annoter nos écrits préparatoires au texte, tout comme pour saisir un entretien avec un individu ou pour créer des mémos sur un dictaphone. Toutes les méthodes sont bonnes tant que l’on atteint le but fixé.
C’est dans cet esprit de collecte d’idées, de renseignements, d’avis que je me suis intéressé à la prise de notes vocales.
Interviewer une personne.
Les questions sont rédigées à l’avance, ensuite je prends note des réponses sur un carnet ou j’enregistre les questions et les réponses. La seconde solution est généralement bien plus pratique et surtout permet une discussion plus libre, presque à bâtons rompus. Le gain de fluidité est important lorsqu’il ne faut pas s’interrompre pour écrire.

Il reste à résumer et à retranscrire.
Participer à une visite guidée.
Pareil, soit on prend des notes, soit on enregistre. Un dictaphone nécessite d’être placé près de la source, un enregistreur est souvent encombrant, un enregistrement avec un GSM est toujours perturbé par les bruits, les frottements et, si la visite est longue, nous restons tributaires de la batterie.

Il reste à résumer et à retranscrire.
Prendre des notes au vol.
Parfois, une idée nous vient soudainement, comme un éclair, une image d’un endroit, une réceptivité à une atmosphère, une réaction émotionnelle à une stimulation quelconque. Il s’agit de l’écrire sur le moment, ce qui n’est pas toujours aisé dans la pratique ou d’en prendre note vocalement.

Il reste à résumer et à retranscrire.
Nous en arrivons systématiquement à la même étape : « Il reste à résumer et à retranscrire ».
C’est là qu’intervient le petit appareil que je viens de m’offrir : le Plaud Note Pro.

Il combine la prise de note vocale, l’enregistrement et surtout discrétion et facilité d’utilisation. Un appui sur le bouton unique pour lancer l’enregistrement, un nouvel appui pour arrêter. La taille d’une carte de crédit pour 64 Go de mémoire, quatre micros haute qualité permettant de capter à cinq mètres de distance, il dispose d’une batterie qui octroie 30 heures d’enregistrement en continu. À côté du matériel, la technique et l’IA : la prise de son est téléchargée vers le cloud Plaud et la magie peut alors opérer. L’IA génère tout d’abord la transcription de l’enregistrement et un résumé des points importants. Ensuite, vous pouvez piocher parmi des centaines de modèles qui déroulent des mises en page et des réflexions à propos de la translittération. En fonctions de modèles très précis, comme enregistrement de réunion (l’IA sépare les différents interlocuteurs), discussion entre deux personnes, mise en avant des points importants, l’IA produit un texte correspondant aux critères définis.
Gratuit pour 300 minutes par mois (5 heures d’enregistrement, c’est pas mal) ou payant pour plus.
La partie intéressante reste que l’on peut créer ses propres formules en fonction de l’utilisation que l’on fait des enregistrements. Et la magie, elle se situe là !
J’ai donc conçu un modèle qui permet de placer en évidence les points techniques importants relatifs à la rédaction d’un roman à partir d’une note quelconque et d’en lister les points forts à développer.
Je vous montre en partant de quelques lignes, copiées de Wikipédia à propos de la ville de Thonon les Bains, auxquelles j’ai ajouté deux petites phrases, c’est très court, mais vous allez comprendre la puissance du modèle par la suite.
Le texte :
La ville de Thonon se divise en deux parties bien distinctes, la ville haute avec ses belvédères situés près du musée du Chablais et le terminus du funiculaire avec un centre-ville sillonné par des rues devenues essentiellement piétonnes, des petites maisons et des bâtiments de faible ou de moyenne hauteur et où l’on trouve de nombreux lieux historiques. La ville basse ensuite, au bord du Léman et dont le port de Rive est le point central avec son vieux village de pêcheurs.
Marco est assis dans le funiculaire. Il va visiter la ville haute.
Les petites rues piétonnes l’attirent.
Le fichier sonore :
Et maintenant l’IA de Plaud…
Le résumé basique sans modèle précis :
Aperçu de la ville de Thonon-les-Bains
Structure de la ville
La ville de Thonon est divisée en deux zones distinctes :
- La ville haute : Située en hauteur, elle constitue le centre-ville.
- La ville basse : Située au bord du lac Léman.
Caractéristiques de la ville haute
- Points d’intérêt :
- Belvédères situés près du musée du Chablais.
- Terminus du funiculaire.
- Urbanisme :
- Centre-ville principalement composé de rues piétonnes.
- Petites maisons et bâtiments de faible à moyenne hauteur.
- Patrimoine : Nombreux lieux historiques.
Caractéristiques de la ville basse
- Localisation : Au bord du lac Léman.
- Point central : Le port de Rive.
- Patrimoine : Ancien village de pêcheurs.
Situation actuelle
- Personnage : Marco.
- Activité : Il se trouve dans le funiculaire en direction de la ville haute pour la visiter.
- Motivation : Attiré par les petites rues piétonnes.
📅 Prochaines étapes
- Visiter la ville haute.
- Explorer les rues piétonnes du centre-ville.
Et ensuite, le modèle (prompt) que j’ai élaboré pour mon travail de rédaction de roman :
Titre de l’idée / scène :
Découverte de Thonon
Personnage(s) concernés :
Marco
Personnage(s) secondaire(s) :
Aucun
Personnage(s) de référence :
Aucun
Description du (des) personnage(s) :
Marco est un visiteur, attiré par le charme des petites rues piétonnes et des lieux historiques.
Lieu / ambiance / décor :
La ville de Thonon, spécifiquement le funiculaire qui relie la ville basse à la ville haute. L’ambiance est celle d’une découverte touristique et contemplative.
- Ville haute : Centre-ville avec belvédères, rues piétonnes, petites maisons, bâtiments de faible à moyenne hauteur, et lieux historiques.
- Ville basse : Bord du lac Léman, avec le port de Rive et son vieux village de pêcheurs comme point central.
Lieu déjà visité / décrit :
Non
Tension ou conflit central :
Aucun conflit apparent, il s’agit d’une scène d’introduction ou de transition. La seule « tension » est l’anticipation de la visite de Marco.
Intrigue secondaire possible :
Marco pourrait chercher quelque chose ou quelqu’un de précis dans la ville haute.
Notes d’arrière-plan / back‑story :
Marco est en visite à Thonon. La raison de sa visite n’est pas précisée, mais son intérêt pour les rues piétonnes suggère un désir d’exploration et de flânerie.
Actions suivantes / à approfondir :
Marco va descendre du funiculaire et commencer à explorer les rues piétonnes de la ville haute. Il pourrait visiter le musée du Chablais ou d’autres lieux historiques.
Événement déclencheur :
Le trajet en funiculaire de Marco vers la ville haute.
Dialogue ou phrase clé :
« Les petites rues piétonnes l’attirent. »
Conséquences & obstacles :
Aucun pour le moment. Les obstacles pourraient être de se perdre dans les rues ou de trouver un lieu fermé.
Lien avec l’intrigue globale :
Cette scène sert d’introduction au personnage de Marco et au décor de la ville de Thonon. Elle établit le cadre de l’action à venir.
Références inspiration (livres, films, images) :
Guides touristiques sur la Haute-Savoie, films se déroulant dans des villes européennes pittoresques (ex: Before Sunrise), photographies de Thonon-les-Bains et du lac Léman.
Ouverture d’idées / questions à creuser :
- Pourquoi Marco est-il à Thonon ? Est-ce pour le plaisir, pour le travail, ou fuit-il quelque chose ?
- Que cherche-t-il spécifiquement dans ces petites rues ? Un souvenir, une personne, une information ?
- Va-t-il rencontrer quelqu’un ?
Éléments de style / ambiance recherchée :
Contemplatif, descriptif, avec une touche de mystère sur les motivations du personnage. L’ambiance est calme et pittoresque.
To‑do / recherches à faire :
- Se renseigner sur l’histoire du funiculaire de Thonon.
- Chercher des plans et des photos des rues piétonnes de la ville haute.
- Identifier des lieux historiques spécifiques que Marco pourrait visiter (le musée du Chablais, le château de Ripaille, etc.).
Et même la carte mentale :

La possibilité de personnaliser entièrement le modèle selon ses besoins constitue, à mon avis, l’avantage majeur de ce système. Il permet de créer des invites spécifiquement adaptées à son travail et à son style d’écriture, que ce soit pour composer de l’anticipation, du thriller, un roman historique, etc.
Comme vous pouvez le voir dans l’exemple ci-dessus, mon utilisation ne me fournit pas un article « tout cuit », mais plutôt un brainstorming, des questionnements et des pistes pour structurer mes idées ou approfondir une recherche sur les lieux ou les actions à décrire et à raconter.
Un si petit morceau de texte m’offrant tant de réflexion à parcourir et à développer, c’est magique et, tout en réduisant considérablement certaines étapes plutôt chronophages.
Je tiens à préciser que je suis absolument pas sponsorisé par cette société. J’ai acheté l’appareil en précommande avec mes propres deniers, alors qu’il n’était pas encore sur le marché.
Le prompt que j’ai mis au point est passé en partage gratuit sur le site de Plaud, tout un chacun est libre de l’utiliser. J’envisage maintenant de mettre au point deux nouveaux templates, l’un, plus spécialement pour gérer les interviews et l’autre pour les enregistrements de visites guidées de lieux spécifiques.
Ma conclusion :
Nous, auteurs, ne devons pas nécessairement tirer à boulets rouges sur l’IA. Elle peut être un formidable compagnon de route, octroyant de nous libérer des tâches rébarbatives ou complexes afin de nous offrir du temps pour la création… Pour autant que nous ne la laissions pas « créer » à notre place, car elle n’invente rien, elle copie, elle plagie ce qu’elle a digéré sans aucune sensibilité.
Lien vers le site de Plaud AI : https://fr.plaud.ai/
