Je louvoie actuellement entre les quarante chapitres de L’Emballement, en pleine relecture-réécriture.
La tâche est fastidieuse, elle demande concentration et esprit logique. Il s’agit de relever les coquilles, les erreurs de style, les anachronismes parfois. Maintenir un cap précis, dans le fil du temps qui structure l’histoire, reste également un point extrêmement important.
À côté de ces fondamentaux, je dois réécrire, affiner les descriptions, trouver les mots qui plongeront le lecteur plus intensément encore dans l’action et dans la psychologie des personnages. Je voudrais parvenir à ce point précis où, lorsque j’ai apposé le mot « Fin » au bas de la dernière page, le lecteur puisse ressentir le manque qui m’a étreint ce jour-là. La perte des protagonistes de l’histoire. Ainsi, j’ai ressenti une certaine mélancolie à laisser mes personnages alors qu’ils m’accompagnaient jour après jour depuis dix mois. Si, d’aventure, le lecteur désire connaître la suite de leurs péripéties, j’aurai gagné mon pari.
En attendant, je relis, j’écris, je pense à la quatrième de couverture, à la couverture elle-même qui en est à sa septième version. Je réfléchis également à la suite de l’histoire, une fois que le bébé sera prêt, emmailloté de ses plus beaux habits. Quid du travail post-rédactionnel, de l’édition et de la distribution.
Vers où, vers quoi me tourner ?
J’ai commencé à parcourir les avis des membres dans les groupes Facebook où je suis inscrit. Je me suis attelé à parcourir de nombreux articles sur le web, écumer les sites de nombreuses maisons d’édition grandes et petites. J’ai découvert les offres de services tiers, jouant les intermédiaires entre l’auteur et les éditeurs. J’ai lu aussi des articles sur l’essoufflement de l’édition : « trop de nouveautés — trop d’auteurs ».
Par exemple, cet article :
Plus j’avance dans mes recherches, plus les résultats sont anxiogènes. Cela vaut-il la peine de dépenser tant d’énergie, de temps, de don de soi pour se voir signifier une fin de non-recevoir ?
À cette question s’ajoute le volet purement fiscal. J’habite en Belgique, je serai retraité dans quelques mois. Écrire est une passion autant qu’un plaisir, mais le but reste de partager mon travail et, de préférence, en retirer un peu d’argent. Dans mon cas, je ne désire pas vivre de mes ouvrages. Cependant, une petite gratification, un retour sur « l’investissement-temps » serait la bienvenue.
Nouvelles salves de questions quant aux démarches à effectuer, à la situation à laquelle je serai sans doute confronté. Des conséquences financières qui influeront sur mes revenus et mes conditions fiscales. Prendre un registre de commerce et un statut d’indépendant, même complémentaire, cela ne me convient pas forcément.
Bref… toutes ces considérations énoncées les unes à la suite des autres, ça vous refroidit, l’envie de poursuivre prend un coup dans l’aile.
Et pourtant !
J’envisage dans un premier temps l’auto-édition. Le travail chronophage sur les plateformes Amazon KDP ou The Book Edition ne m’effraie pas. Comme je l’ai déjà expliqué dans un autre article, je suis « Linux Addict » depuis vingt-cinq ans et mettre les mains dans le cambouis ne me fait pas peur. Cependant, quand bien même, prendre un ISBN n’est pas compliqué, déposer un exemplaire à la Bibliothèque Royale de Belgique non plus et ces étapes nécessaires sont de simples routines. Toutefois, tous les autres questionnements et surtout les volets purement administratifs et fiscaux subsistent. Je me sens démuni, même si l’article bien complet de la Scam ci-dessus, définit explicitement les contours de la loi concernant le droit belge à propos des écrivains.
Première option alternative à l’autoédition.
Les maisons d’édition à compte d’auteur. Plus je compulse les opinions, plus cela ressemble à des arnaques organisées, même si certaines structures paraissent tirer leur épingle du jeu et dont les clients émettent des avis positifs.
Morceaux choisis.
…est paru aux Éditions Maïa en début d’année. Ils se disaient à compte d’éditeurs, mais la campagne de pré commande m’a vite fait comprendre que ce n’était pas le cas. Disons plutôt que c’est une ME a compté d’auteur, au mieux a compte participatif. Première déception donc. Puis une fois édité, j’attendais avec impatience de le voir dans les rayons de Cultura ou la Fnac comme ils se vantent sur leur site. Et bien encore loupé…
Je vous rappelle que si vous devez payer quoi que ce soit, c’est du compte d’auteur souvent dissimulé. Au-delà de ça, si vous cherchez une reconnaissance professionnelle, fuyez ce type de ME qui publie absolument tout et n’importe quoi…
Bonjour à tous, je ne suis pas d’humeur à me faire rouler ce matin et je viens de décliner la pseudo-offre d’une maison d’édition qui se dit à compte d’éditeur, mais dont les pratiques évoquent une publication à compte d’auteur déguisée
Seconde option.
Les véritables maisons à compte d’éditeur. Le Graal ? Celles-ci semblent tellement inaccessibles, là-haut, sur leur mont Olympe que je me demande s’il est nécessaire de dépenser l’énergie pour tenter de leur faire parvenir un exemplaire de votre travail. Les rumeurs vont bon train quant à la manière dont les manuscrits sont traités et pris en compte. Je conçois qu’il doit leur en arriver un nombre important chaque mois. Si, comme je l’ai lu tant de fois, le tri est si rapide et systématique, comment être certain qu’ils visualisent correctement les textes et qu’ils ne passent pas régulièrement « à côté » d’une œuvre qui en vaille la peine ?
Morceaux choisis.
Bonjour, je viens de recevoir une réponse négative d’une ME suite envoi de mon manuscrit. J’avais pourtant bien fait mes recherches en ne ciblant que les vraies maisons a compté d’éditeur. Je suis donc étonnée que cette ME dont je tairais le nom, qui édite des auteurs dont on voit régulièrement les ouvrages en librairie, me fasse un retour au bout de 15 jours seulement pour me dire qu’ils ont bien lu mon ouvrage.
[Ne pas être retenu]… Désolée pour vous, mais c’est le lot de 99.9999999% des primo-écrivains chez les « grandes maisons d’édition »
Les ME à compte d’éditeur ne peuvent pas lire l’intégralité des manuscrits reçus, il y en a trop. Elles réalisent un 1ᵉʳ tri avant transmission éventuelle à leurs comités de lecture.
Oui, c’est le « jeu » normal. Ils ont reçu 100 fois plus de manuscrits qu’ils ne peuvent en éditer. Ils commencent par lire les résumés et ils trient ce qui leur plait avant lecture complète des livres retenus.
Toutes ces considérations m’entraînent donc vers la déprime du petit auteur. Il a jeté toutes ses tripes dans la bataille et se demande maintenant s’il ne valait pas mieux s’occuper de son jardin ou siroter un cocktail sur la terrasse.
…
Et bien non, je ne renoncerai pas !
Je poursuivrai mes relectures-réécritures, j’affinerai mes textes, peaufinerai le style et la forme, conduirai le projet jusqu’au bout. Advienne que pourra, j’opterai pour la marche à suivre une fois que le moment sera venu : tenter d’être édité, autoédition, vendre ou offrir à la lecture. La décision se prendra au bon moment, pourvu que je ne perde pas mon envie d’écrire et que je conserve ma zénitude féline.